Les frères Lumière ont laissé des traces tangibles en Normandie dans deux domaines étonnement assez éloignés l’un de l’autre!
Après avoir résidé à la villa Suzanne, rue des Alliés à Houlgate, Louis Lumière acquit dans cette même station balnéaire, tout près du Grand Hôtel, la villa « les Lucioles » rue Baumier (architecte et urbaniste de la ville de Deauville). Il y résida régulièrement—avec son frère Auguste et leurs épouses respectives, deux sœurs—de 1928 à 1936.
Les frères Lumière avaient inventé en 1903 le procédé « Autochrome » de reproduction sur verre de clichés photographiques en couleur. Dès 1905 ils avaient noué des relations particulières, sur ce procédé, avec la Société Caennaise de Photographie, qui en l907 les nomme membres honoraires, et c’est à leur intention qu’en 1909 ils mettent sur le marché un procédé nettement moins compliqué que celui du brevet initial (3 bains au lieu de 14 étapes et 9 sortes de produits réactifs !) Toutefois en raison du long temps d’exposition nécessaire, leur procédé ne pouvait s’appliquer qu’à des paysages ou des sujets prenant la pose. On n’est pas très loin de la peinture académique.
En 2013, dans le cadre de la manifestation quadriennale « Normandie Impressionnisme » une exposition ( du 27 avril au 29 septembre 2013 ) à Caen , présenta un certain nombre de clichés réalisés avec leur procédé par des photographes professionnels ou des amateurs éclairés , tant de portraits que de paysages , sous le titre « En couleur et en lumière » Le catalogue de cette exposition et un livre de Céline Ernaelsteen et Alice Gandin aux éditions Skira présentent les autochromes de cette exposition .
Ces autochromes firent également l’objet, la même année, d’une émission télé de FR3 sous la forme d’un reportage d’Alexandra Huctin et Guillaume Le Gouic.
Le second volet de leur activité en Normandie est fort différent : Les frères Lumière avaient installé dans leur pavillon de Houlgate, un laboratoire destiné à la recherche médicale. C’est là qu’ils ont élaboré une partie des travaux qui les ont conduit à déposer près de 600 brevets dans ce domaine, dont celui resté célèbre du « tulle gras », si utile encore aujourd’hui pour les grands brûlés.
Je laisserai à Louis Lumière le soin de conclure « j’avais acheté une villa à Houlgate, et je pensais m’y installer définitivement mais il faisait un si mauvais temps que j’ai fini par attraper une pneumonie. . . . Moi qui n’avais jamais seulement eu la rougeole étant enfant ! »
Philippe Grenier, à Honfleur
Photos par Philippe Grenier and Frédéric Lecomte.
